On connaissait LinkedIn, le réseau professionnel généraliste. Désormais, le monde des médias peut compter sur Ginkio, une plateforme de portfolios inspirants imaginée par le journaliste Jean-Baptiste Diebold. Son objectif : faire émerger la nouvelle génération de talents de l’information.
Le monde des médias, Jean-Baptiste Diebold le connaît bien. Après une quinzaine d’années en tant que journaliste (Challenges, LCP, France Télévisions…), il décide, début 2017, de prendre le virage de l’entrepreneuriat afin de contribuer à l’avenir de l’information sous un nouvel angle. « Aujourd’hui, les médias font face à un grand mouvement de défiance, raconte-t-il. Il est urgent pour eux d’innover, de créer du contenu qui ressemble plus à ce que recherche la société actuelle. Et pour cela, il faut trouver les bonnes personnes, s’ouvrir à des profils plus variés ! » Or, Jean-Baptiste le constate : le problème fondamental, c’est qu’il n’existe pas d’endroit pour détecter cette nouvelle génération de talents. « Un CV ou un profil LinkedIn ne reflètent pas la qualité du travail d’un journaliste, d’un photographe, d’un vidéaste, d’un blogueur, d’un podcasteur… » Une idée commence alors à germer.
Une vitrine pour les talents de l’info
Cette idée, elle prend racine à l’été 2017, lorsque Jean-Baptiste fait part de sa réflexion au designer digital Benjamin Laible. Ce dernier lui parle de Behance, une plateforme de portfolios rachetée en 2012 par Adobe qui permet de découvrir le travail de créatifs. Pourquoi ne pas appliquer le principe au monde des médias ? C’est ainsi qu’ils décident ensemble de fonder Ginkio. Six mois plus tard, ils sont rejoints par un troisième associé, Florent Jonville, développeur, qui les aide à concrétiser leur projet.
En septembre 2018, la plateforme ouvre ses portes. Chaque talent de l’information peut alors y créer un portfolio pour présenter ses meilleures réalisations en seulement un quart d’heure… et gratuitement ! « C’est plus rapide que la création d’un mini-site, et ça sert tout autant de vitrine pour mettre en valeur son travail, explique Jean-Baptiste. »
Au-delà du portfolio, Ginkio propose aux créateurs de contenus de se connecter, d’échanger, de trouver des idées. Jean-Baptiste a même lancé un podcast avec la journaliste Elise Colette, A Parte, pour donner la parole aux personnes qui innovent dans le monde de l’information. En somme, une vrai plateforme collaborative. Et ce n’est que le début.
Du hasard des rencontres
À la même époque, Jean-Baptiste intègre CREATIS. Il souhaite accélérer la croissance de Ginkio en se concentrant sur une autre facette : l’offre commerciale à destination des médias eux-mêmes. En effet, la plateforme vise aussi à développer les opportunités professionnelles pour les rédacteurs en chef ou les producteurs à la recherche de talents sur des critères très précis (spécialités, localisation…). Ginkio leur propose des solutions pour trouver et garder LA perle rare, celle qui les aidera à innover, à rester connectés aux attentes de la société.
« Je crois énormément à la sérendipité autour d’un lieu, confie Jean-Baptiste, et mon arrivée chez CREATIS n’a fait que renforcer ce sentiment. Comme je l’espérais, l’accompagnement humain, la vie du lieu, les rencontres fortuites ou organisées avec les autres incubés et les professionnels des médias qui partagent nos problématiques ont permis à notre projet de démultiplier sa puissance ! » En janvier 2019, Jean-Baptiste est mis en relation avec William Elland-Goldsmith, directeur du Département Média du Mouvement UP. Ce dernier recherche un rédacteur en chef et décide de tenter l’expérience Ginkio. « C’était le moment parfait pour nous, raconte Jean-Baptiste, nous voulions lancer notre premier test. En 15 jours seulement, le recrutement de William était bouclé. C’était vraiment satisfaisant, ça a confirmé que notre offre avait du sens et ça nous a donné une super énergie ! »
Suite à ce coup d’essai réussi, les demandes commencent à s’enchaîner. Le Point, Challenges et le site des Numériques utilisent désormais Ginkio pour recruter leurs nouveaux talents. Niveau reconnaissance, la jeune pousse compte parmi les « 100 start-up où investir en 2019 » de Challenges et a reçu, en début d’année, la Bourse French Tech de Bpifrance. Prochaine étape ? « Continuer à consolider nos fondations chez CREATIS de manière à être suffisamment mûrs en septembre pour aller voir des investisseurs et accélérer notre développement commercial, conclut Jean-Baptiste. » À terme, l’offre de Ginkio pourrait même s’envoler au-delà des frontières françaises. Un programme prometteur, à suivre.